L’attrait de l’eau
Du 12 septembre au 17 novembre 2024
Réception de vernissage : de 18 h à 21 h, le 11 septembre
Le poète irlandais Seamus Heaney parle de l’attrait de l’eau dans son poème « The Diviner » (le sourcier) pour décrire la sensation éprouvée par un homme qui utilise une fourche en bois de noisetier pour détecter de l’eau cachée sous terre. Les paroles de Heaney décrivent également avec justesse la force d’attraction des œuvres d’art de cette exposition, qui agissent comme des baguettes de sourcier nous guidant vers des torrents de sensations et de connexions, de beauté et de curiosité.
Cette exposition collective présente des œuvres de KC Adams, Alexis Auréoline, Jaime Black-Morsette, Sarah Crawley, Chantal Dupas, Laila Fazal, Noëlla Gauthier, Ariel Gordon, Ted Howorth, Jennine Krauchi, Mathew Lacosse, Erika MacPherson, Tracy Peters, Chuckwudubem Ukaigwe, Katherena Vermette, Diane Whitehouse.
Exposition organisée par hannah_g
Sarah Crawley
Untitled/Sans titre (de la série in its path/sur son chemin); 2020/2021
Pigments d’archives sur chiffon photo; 112 x 142 cm
La photographie de Sarah évoque un fort sentiment d’interconnectivité. On dirait un gros plan d’une aile de papillon, chacune de ses écailles se déroulant devant nous alors qu’il s’agit en fait d’une image de l’eau qui révèle comment des mouvements et des motifs répétitifs semblent se répéter chez différents êtres vivants et systèmes. Pour réaliser cette œuvre, Sarah a trempé deux papiers photosensibles à la fois, l’un dans chaque main, dans le lac Winnipeg. Peut-être verrez-vous les empreintes de son pouce sur les bords. Ces photographies sont une collaboration entre l’artiste, le soleil et le lac qui, tous, ont exercé une force sur le papier et son revêtement chimique pour produire une sorte de portrait (peut-être un autoportrait) du lac. C’est une image à la fois rêveuse et psychédélique : les motifs se répètent et s’étendent aux bords, réfléchissant peut-être l’ouverture que nous pouvons ressentir à proximité de l’eau.
Tracy Peters
Stone Shadows/Ombres de pierres; 2018
Photographie d’une image sans caméra imprimée sur soie artificielle, goujons de bois, fil invisible; 107 x 457 cm
Il est courant de dire que l’eau « capte la lumière » et l’œuvre de Tracy utilise cette idée avec poésie en captant la lumière du soleil et l’eau à l’aide d’une réaction chimique. Pour réaliser cette impression, Tracy a déposé un long morceau de papier sensible à la lumière sur la rive du lac Winnipeg, recouvert le papier de pierres et l’y a laissé pendant 24 heures. Les roches, la lumière changeante du soleil et l’eau du lac qui allait et venait sur et sous le papier et les pierres ont créé l’image qui en a résulté. Tracy a ensuite photographié l’impression et l’a reproduite à sa taille réelle sur un tissu de polysoie, qu’on peut voir ici. L’original est conservé dans un plastique noir épais parce qu’il continue de changer lorsqu’il est exposé à la lumière. La reproduction sur tissu demeurera fixe, mais lorsqu’une personne passe devant ou qu’une brise entre par la porte, le tissu ondule et frissonne comme pour nous rappeler l’origine de l’image dans le flux et le reflux de l’eau et la lumière du soleil.
Chuckwudubem Ukaigwe
Time off/Congé; 2022
Vidéo, 1 minute 37 secondes
On voit dans l’installation vidéo de Chuckwudubem trois jeunes hommes noirs qui nagent et flottent dans la piscine d’un immeuble d’habitation. Ils font des longueurs, se laissent flotter ensemble, dérivent et on voit leur facilité à passer un bon moment et à jouer dans l’eau. En rejetant habilement les stéréotypes de la masculinité noire, l’artiste met l’accent sur le plaisir des nageurs en présentant les séquences à l’envers. Cette façon de faire montre les éclaboussures d’eau et élimine toute impression de compétitivité : ils sont joyeux, ils sont doux, ils sont proches. La trame sonore de jazz, improvisée par les amis de Chuckwudubem, met l’accent sur ces aspects en nous invitant à partager le plaisir des nageurs.
Ariel Gordon
Riparien Area/Zone riveraine no 1, 2, and 3. 2023
Éclats de vitraux, soudure sans plomb; 11” x 9.5” ; 7.5” x 9”; 7” x 9.5”
La prospection de verre de mer est un vieux passe-temps. Marcher le long des rives à la recherche d’objets intéressants — poterie cassée, bijoux, jolis morceaux de verre — est un moyen agréable de passer du temps en plein air. Ariel est une prospectrice de verre de mer qui a consacré des heures et des heures à passer au peigne fin un secteur riverain de Winnipeg pour collectionner le verre coloré. Un grand nombre de ses trouvailles sont des tessons de vieilles bouteilles et des fragments de fenêtres et la plupart des pièces qu’elle utilise ont été façonnées par l’eau et la boue pendant plusieurs décennies. Elle a commencé à en faire des vitraux en 2020 en créant des grappes organiques selon les couleurs, les teintes et les formes. Les œuvres d’Ariel ont transformé le verre qui était autrefois simplement utile en œuvres qui ne sont pas si simplement belles.
Chantal Dupas
Tyndall Stone Fossils Series/Série de fossiles de la pierre de Tyndall (Céphalopodes, coraux en chaînes Halysites, escargots, coraux rugueux, coraux en nid d’abeille favosites, corail éponge stromatoporoïde, Nautiloïdes, Réceptaculites, Thalassinoïdes); 2024
Graphite sur papier; 12,7 x 20,3 cm
De la collection de la Galerie Buhler Gallery
La pierre de Tyndall prouve que le Manitoba et ses environs ont été pendant de longues périodes submergés sous des mers anciennes. Les peuples autochtones l’appelle grand-père. Ce type de calcaire, propre à la province, est aussi appelé calcaire marbré supérieur de la formation de la rivière Rouge du système ordovicien.
« Lorsque les animaux aquatiques meurent, la coquille et les os sont brisés par les vagues. La plupart des couches de calcaire partout sur la Terre étaient autrefois constituées de coquilles ou de coraux, de sable et de boue », écrivent les chercheurs en géologie Kelly Snyder et Peter Russell. Parmi les millions de créatures marines compactées qui ont créé la pierre de Tyndall, certains de leurs corps sont restés intacts et sont devenus des fossiles incrustés dans la roche. La Galerie Buhler Gallery a chargé Chantal de dessiner les fossiles les plus couramment trouvés dans la pierre de Tyndall afin de créer un tableau d’identification téléchargeable à partir de notre site Web. Ses magnifiques dessins nous rappellent que les eaux primordiales ont façonné la terre sur laquelle nous vivons aujourd’hui; elles ont créé la planitude qui caractérise le Manitoba et on peut aussi apercevoir d’anciennes créatures marines dans les murs des bâtiments construits avec la pierre de Tyndall partout dans la ville.
Mathew Lacosse
White replacement shirt collar from Matias Kiil/Col de chemise blanc de remplacement de Matias Kiil; 2024
Coton et acier; 44,45 x 6,35 x 10,16 cm
La sueur est constituée d’eau à 99 % (le 1 % restant étant surtout du sel) dont une grande partie s’évapore, ce qui aide à réguler la température corporelle. On peut transpirer jusqu’à trois litres par jour sans faire d’activité excessive et nos vêtements en sont les premiers récepteurs. Au travail, que ce soit en transportant des caisses, en classant des documents, en nettoyant ou en soignant, nous transpirons. Les chemises à col, telles que les chemises habillées, les polos et les uniformes, marquent souvent qu’une personne travaille, par exemple dans un bureau ou à la livraison. En voyant un col, on pense peut-être à un symbole du travail, son usure et les taches de transpiration en étant la confirmation. Le col peut nous porter à penser à la personne qui l’a porté : pourquoi a-t-elle transpiré? A-t-elle été rémunérée équitablement? Qui a bénéficié de son travail? Et nous? Les cols coupés de Mathew transforment un objet familier — une chemise — en une abstraction qui crée un espace de réflexion élargi sur des sujets connexes tels que la relation changeante entre les corps physiques et le travail. Qu’est-ce qui nous fait transpirer aujourd’hui? Quel effet l’IA aura-t-elle sur nos emplois? La possibilité de prendre sa retraite? Qu’est-ce qui donne un sens à notre travail?
Jennine Krauchi
Moss Bag/Sac de mousse, 2024
Billes de verre sur tissu; environ 56 x 33 cm
Jennine est une artiste métisse du perlage de renommée internationale qui n’a pas que créé des œuvres originales, elle a aussi préservé et restauré d’importants artefacts, patrons et techniques. Elle a considérablement contribué à mieux faire connaître cette pratique particulière. Le perlage est si important dans la culture et l’identité métisses que l’on appelle souvent les Métis le « peuple du perlage floral ».
Mes ancêtres de la rivière Rouge sont des McLeod, des Monkman et des Spence, pour n’en nommer que quelques-uns. Ils se sont établis dans la communauté de Minnewakan, près des rives du lac Manitoba. Là-bas, l’eau et la terre sont devenues un filin de sécurité primordial pour notre peuple. — Jennine
Le perlage métis et l’eau ont des liens importants. Les fleurs et les plantes — les principaux sujets de l’œuvre — sont un élément essentiel du cycle de l’eau. Les plantes absorbent l’eau souterraine par les racines et la rejettent dans l’air par les feuilles en transpirant. Leur contribution suffit à influencer l’atmosphère; un grand chêne peut produire plus de 150 000 litres d’eau par année. Les fleurs du perlage nous rappellent que l’eau est sacrée et essentielle à toute la vie.
Noëlla Gauthier
Winnipeg, 1875, after Washington Frank Lynn/Winnipeg, 1875, d’après Washington Frank Lynn; 1938
Huile sur toile, 33,8 x 51,8 cm
Collection du Musée de Saint-Boniface, P-AA-5
L’Hôpital Saint-Boniface est étroitement lié à l’eau. Il est situé sur la rivière Rouge et surplombe La Fourche. Il a été fondé par les Sœurs Grises qui ont quitté de leur couvent de Montréal pour se rendre jusqu’à Saint-Boniface avec des voyageurs en canot, un voyage ardu de deux mois le long des lacs et des rivières du pays. Ce tableau de La Fourche réalisé par Noëlla Gauthier en 1938 est une copie d’un tableau que Washington Frank Lynn a peint en 1875 pour souligner le 50e anniversaire de l’arrivée des Sœurs Grises à Saint-Boniface. On voit deux religieuses dans le coin inférieur gauche du tableau; elles se tiennent à peu près à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’hôpital.
KC Adams
AsiskiyI;
Argile; 45,7 cm longueur x 45,7 cm largeur x 30,5 cm hauteur
L’arrière de l’Hôpital Saint-Boniface surplombe un lieu d’une grande importance pour de nombreuses communautés autochtones, soit le confluent des rivières Rouge et Assiniboine, La Fourche, connu en cri sous le nom de Nestawaya. Depuis des temps immémoriaux, les peuples autochtones se rencontrent ici pour commercer, participer à des cérémonies et passer du temps ensemble. KC est une artiste anishinaabe, Inninew et britannique qui allie la recherche empirique et la mémoire du sang dans son travail avec l’argile. Elle récolte et façonne l’argile, provenant souvent de sources locales, pour fabriquer des pots, qu’elle fait cuire elle-même.
L’eau coule sur les roches, les décomposant en fines particules emportées par les courants et qui finissent par se déposer. Au fil du temps, il reste une abondance d’argile, prête à être façonnée en quelque chose de magique. Cette œuvre s’inspire des processus naturels de l’eau et de l’ingéniosité de mes ancêtres autochtones. Elle reflète des méthodes anciennes, telles que la récolte et le façonnage de l’argile, la création du récipient, l’infusion de la vapeur de mon souffle, qui fait s’évaporer l’eau qui revient dans l’atmosphère, et enfin le fait de verser de l’eau dans le récipient une fois qu’il a été chauffé sur la terre ferme. La création de cette pièce est profondément influencée par les porteurs d’eau du passé et les eaux sacrées sur lesquelles ils veillaient.
KC souhaite reconnaître la terre et les eaux du territoire visé par le Traité no 1, où cette argile a été récoltée.
Laila Fazal
Where Will You Go/Où irez-vous; 2024
Aquarelle, fil sur papier. 12 panneaux de 24 x 34,8 cm
L’eau attire les gens, les animaux et les plantes : toute forme de vie. Qu’il s’agisse d’un héron, de glaïeuls ou d’une personne : la vie s’installe souvent au bord de l’eau.
Dans le parchemin de Laila, on voit des tigres, une rivière, et la déesse hindoue, Bonbibi, esprit gardienne de la forêt qui, dans les contes folkloriques, sauve les Sundarbans, la plus grande forêt de mangroves de la planète. Des tigres du Bengale en voie de disparition vivent ici, au Bengale-Occidental, en Inde, le seul habitat côtier de mangroves où vivent les tigres au monde.
Les Sundarbans sont l’un des principaux puits de carbone de la planète, un important producteur d’oxygène et un important site de transpiration contribuant au cycle mondial de l’eau. Les tigres sont les principaux prédateurs dans cet écosystème. Les relations entre animaux et villageois sont tendues, car les tigres tuent régulièrement les populations locales et les villageois tuent les tigres. La forêt est florissante entre autres parce que les tigres dissuadent les gens de couper des arbres. Les travaux de Laila montrent à quel point l’eau est essentielle à la santé des écosystèmes, mais aussi à quel point il est difficile de maintenir l’équilibre en présence d’intérêts divergents.
Diane Whitehouse
Three Times from Nature/Trois fois la nature; 1998
Huile et médias mixtes sur toile. 168 x 178 cm
L’eau, ou ce qu’on en perçoit, se caractérise par son mouvement, sa capacité à remplir et à s’écouler, et à passer du liquide à la vapeur et au solide. Le haut du tableau de Diane présente des lignes légèrement ondulées gris vert qui forment quelques pics montagneux. En dessous se trouve une zone où l’eau d’un bassin bleu-vert semble, par ses mouvements, descendre. La peinture prend la texture d’un torrent (l’intuition de Sigrid Dahl) qui semble se précipiter vers le bas de l’œuvre se déplaçant sur et autour de formes qui suggèrent des vallées et des bâtiments, mais qui sont trop abstraites pour être définies. Les couleurs et les lignes ne sont que des suggestions d’eau, de paysage et d’architecture, et cette ambiguïté suggère l’éphémère. L’eau a tellement d’effets autour d’elle, déplaçant les objets et déformant les vues, et même si son propre état peut aussi changer radicalement, elle reste, essentiellement, elle-même.
E. J. (Ted) Howorth
See Sarah, See Sea, Sea Sarah, See Sea, See Sarah/Voir Sarah, voir la mer, voir Sarah, voir la mer, voir Sarah; 1980
Sérigraphie, 53,3 x 89 cm
De la collection de la Galerie Buhler Gallery. Don de l’artiste
Les bords de mer et les plages sont souvent des lieux où l’on se rassemble, attirés par le soleil, se servant de nos serviettes et de nos parasols pour revendiquer un endroit où profiter du sable et de l’eau. C’est peut-être pour cette raison que les plages vides peuvent sembler un peu tristes.
Dans la sérigraphie de Ted, on voit une femme vêtue d’une robe noire à manches longues et à mi-mollet qui marche vers nous. Elle apparaît trois fois : la première, en marchant dans les eaux peu profondes le long de la rive; la deuxième, en regardant l’eau et la troisième, en sortant de l’eau, l’angle de son corps incliné d’un côté qui indique une surface inégale. Même si elle est seule et que les couleurs sont éteintes, la scène n’est pas nécessairement mélancolique. Elle a la compagnie de la rive et semble absorbée par cette dernière. Un grand nombre d’entre nous vit des moments semblables en présence de l’eau : nous sentons sa froideur, nous l’observons attentivement et sa simple proximité peut nous procurer une sorte de paix très particulière.
Alexis Auréoline
Waves #1 and Waves #2; 2023.
Silver gelatin print, 8” x 10”.
Les photos en noir et blanc d’eau et de lumière prises par Alexis sont des études sur la contemplation et la clarté. Ces œuvres minimales mais imposantes nous invitent à nous émouvoir par le seul fait d’observer la surface de l’eau. Nous pourrions nous interroger au sujet de la relation d’Alexis avec l’eau qu’il a décidé de photographier — où était-il? Que cherchait-il à capturer? Ou encore, les photos pourraient susciter nos propres associations ou souvenirs. Pourtant, le réflexe de trouver une histoire à raconter est apaisé par les qualités solennelles des images — les lignes, la luminosité et les contrastes — qui leur permettent de transcender les simples représentations de l’eau et qui nous plongent donc plus aisément dans la contemplation. Ces œuvres, à la fois profondes et exubérantes, évoquent une certaine infinité et véhiculent le caractère transitoire et récurrent de la mélancolie.
Katherena Vermette et Erika MacPherson
This River/Cette rivière; 2016
Vidéo; 19 minutes. Gracieuseté de l’Office national du film du Canada
Drag The Red est un organisme bénévole manitobain qui fouille la rivière Rouge de Winnipeg et ses rives à la recherche de personnes disparues. Il a été fondé en 2014 par un groupe auquel appartient Kyle Kematch et la députée provinciale Bernadette Smith à la suite de la disparition et du meurtre de Tina Fontaine, une adolescente autochtone dont la dépouille a été trouvée dans la rivière Rouge. La mort de Tina a incité la Commission canadienne des droits de la personne à demander une enquête historique sur les femmes et les filles disparues et assassinées au Canada.
Dans ce documentaire, l’autrice Katherena Vermette, une Michif (métisse de la rivière Rouge), évoque la rivière Rouge comme un lieu de violence et d’espoir. Katherena et Kyle racontent leurs expériences personnelles de la disparation de membres de leur famille et l’atrocité d’ignorer ce qui leur est arrivé. Ils réfléchissent aussi au courage dont font preuve ceux et celles qui recherchent les personnes portées disparues avec la détermination sans faille de les ramener chez elles. Ces histoires douloureuses de perte et de violence sont également des histoires de résilience, d’amour, de travail et de détermination, des valeurs que le documentaire exprime magnifiquement.
Erika MacPherson
you are here/we are there/tu es ici/nous sommes là; 2007
Vidéo, 2 minutes 58. Distribuée par VideoPool
Filmée sur les rives de Jökulsá á Brú, le plus grand fleuve glaciaire de l’est de l’Islande, cette vidéo témoigne d’un paysage submergé sous cinquante-sept kilomètres carrés d’eau, un réservoir créé pour fournir de l’hydroélectricité à une fonderie d’aluminium d’Alcoa voisine. Les images des sublimes hautes terres sauvages, des collines isolées et de la vallée fluviale d’Islande donnent au spectateur un puissant sentiment d’appartenance et l’amènent à s’interroger sur la responsabilité, l’interdépendance et la perte. (traduction libre — Videopool Distribution).
À un moment donné dans la vidéo d’Erika, on voit un groupe de personnes vêtues de manteaux de pluie aux couleurs vives, réunies près du fleuve, se tenant par la main et chantant. Erika explique qu’il s’agit d’une berceuse islandaise qui parle de la terre, de la nature à laquelle ces personnes sont liées pour le meilleur ou pour le pire. Traduites en français, les paroles sont les suivantes :
Les épreuves vous apprendront bientôt
Alors que le jour devient la nuit,
Que les gens aiment, perdent, pleurent et portent le deuil.
- Remerciements à Erika MacPherson d’avoir fait connaître cette berceuse et de son interprétation.
Jaime Black-Morsette
Trace; 2024.
Printed digital photograph.
Jaime est une artiste d’origine mixte anishinaabe et finlandaise qui travaille avec le corps et la terre comme sources de savoir culturel et spirituel. Sa photographie montre les vestiges d’une rencontre entre elle et un rocher sous forme d’une impression à l’eau. Ses bras sont levés comme si elle capitulait et l’intimité de se coucher sur un rocher, nue après avoir émergé de l’eau, semble impliquer un abandon de soi ou, plutôt, un don de soi.
Les formes sombres que le corps de Jaime a créées avec l’eau se retrouvent dans les taches sombres de mousse et de lichen qui poussent à la surface du rocher, ainsi que dans les ombres des crevasses du rocher, et ces rimes visuelles illustrent l’unité mystérieuse et élégante entre les rochers, les corps, la terre et l’eau.
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